Jean Labre (photos M. Vicent-Roubert)Tous les harmonicas
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Association Musique et Santé... l'Harmonica et le Souffle

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« Depuis deux décennies, l'Art prend soin de l'Hôpital. Dans un univers traditionnellement aseptisé, il fait entrer la couleur, les sons et les passions humaines, en un mot la VIE. »
Thème de plus en plus d'actualité qui m'amène à reprendre, en guise d'introduction, cet article paru sous la plume de Josette Koch-Labre dans la « Revue Echos France Harmonica »
(N° 37, été 2002), sous le titre : « L'Harmonica et le Souffle », en collaboration avec l'association «Musique et Santé ».

L'Association Musique et Santé

Partant du constat que chaque enfant, chaque adulte, quel que soit son âge, sa culture, sa langue d'origine, est touché par la musique, les acteurs du monde médical peuvent envisager celle-ci comme un outil thérapeutique supplémentaire.
L'association est née de la rencontre et de la collaboration entre des musiciens et des professionnels de la santé et de la culture. Faisant d'abord partie d'Enfance et Musique, elle est maintenant une association à part entière.

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Son engagement dans le secteur hospitalier depuis plus de douze ans, aujourd'hui de façon autonome, a contribué à faire avancer de manière significative au niveau national*, la prise en compte de la musique et de la culture dans le quotidien de la vie des personnes hospitalisées.
L'association a pour parrains Steve Waring, Jean Jacques Milteau, Dédé Saint-Prix et Sarah Nemtanu musiciens, le professeur Marcel Rufo, pédopsychiatre , chef du service medico-psychologique de la famille et de l'enfant, au CHU Sainte Marguerite et à la Timone, Assistance Publique de Marseille, et le professeur Yanick Aujard, pédiatre.
Elle a pour Président le Dr. Didier Cohen Salmon et pour Directeur Philippe Bouteloup*

Musicothérapie

L'idée de soigner par la musique est loin d'être une idée nouvelle. Depuis des temps très anciens on sait qu'elle a de nombreuses vertus dont celle de guérir les maux de l'esprit. Quant à avoir de réelles vertus curatives, les résultats des travaux menés dans ce domaine sont souvent contradictoires et on peut dire qu'il n'y a pas de pharmacopée musicale.
Cependant il y a des domaines dans lesquels la musique a une action tout à fait positive auprès des enfants et des adolescents, et sans doute auprès des adultes. Dans les différents lieux de soins qui les accueillent, elle permet de tisser des liens entre patients et équipes soignantes : la musique devient alors un moyen d'échange, de communication et de mieux être, de création et plaisir partagé.
Intervient ensuite le choix des moyens concrets de réalisation de ces objectifs, et parmi ces moyens, le choix des instruments.

L'Harmonica

C'est un petit instrument qui a bien des qualités : il est bon marché, léger à transporter, plutôt facile à jouer. Il ne fait pas peur, il est à la fois familier, intime et évocateur de multiples sujets : les musiques populaires, les voyages, l'histoire des hommes à travers celle des instruments, le souffle, l'air...
Mais surtout, on peut dire qu'à travers lui on respire la musique. Il utilise autant l'air inspiré que l'air expiré (il est le seul dans ce cas sur la planète). De plus, l'harmonica ne demande pas de souffler fort, il y a peu d'effort à faire pour en tirer un son. Cela fait de lui un outil particulièrement adapté dans le domaine des problèmes respiratoires, tels l'asthme et la mucoviscidose
En ORL, l'harmonica aide les enfants en difficulté sur le plan respiratoire à acquérir une meilleure conscience de leur geste respiratoire en leur proposant des activités ludiques basées sur le souffle musical.

Initiatives et Actions

A l'initiative de l'association Enfance et Musique et de Jean Jacques Milteau, un atelier d'harmonica a été créé à Bullion en octobre 1997. Caroline Raimbault, orthophoniste, note qu'au départ « il s'agissait d'une volonté musicale en tant qu'aspect éducatif davantage que de rééducation ».
En une heure par semaine les enfants, exemptés de la contrainte du solfège, arrivent très rapidement à jouer de petits morceaux. L'intervention de personnes de l'extérieur permet de sortir du monde de la maladie, et de garder le plaisir musical des enfants. De plus, dans le souffle de l'harmonica, l'orthophoniste peut évaluer l'inspiration, l'expiration et le souffle abdominal. Chaque enfant à Bullion a pu avoir son harmonica et en mars 1998 tous ces enfants ont donné un concert à la Cité de la Musique à Paris, avec Jean Jacques Milteau, devant 1200 autres enfants.
Greg Szlapczynski participe également très activement à ces ateliers.

Autres expériences

Depuis quelques années un travail est mené autour de la musique dans le service de pédo-psychiatrie du Professeur Rufo à Marseille. A cette occasion, le personnel soignant a constaté que le musique a eu des effets extrêmement bénéfiques sur les enfants reçus dans le service, notamment les enfants autistes et sans langage ou bien en difficulté sur le plan relationnel. Elle a également des répercutions au niveau des parents dans le cadre de l'accueil musical qui leur est proposé.
La musique peut-elle être un révélateur de communication cachée, enfouie chez ces enfants repliés sur eux-mêmes ? Peut-elle être source d'ouverture, moyen d'échange et de mieux être, de possibilités de contact et de création ?

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Une action similaire a eu lieu en 2001 au Centre Hospitalier Universitaire de Toulouse, dans le service médico-psychologique de l'enfant et de l'adolescent du professeur Jean Philippe Raynaud. A l'occasion de la fête de la musique, Jean Jacques Milteau et Manu Galvin ont passé plusieurs jours au CHU de la ville. Ateliers d'harmonica avec les adolescents et les plus jeunes, mini concerts au chevet des enfants hospitalisés en chirurgie pédiatrique et concerts dans la nef de l'hôpital ont permis de faire que les jeunes malades participent eux aussi à la fête de la musique.
Sous la responsabilité de Jean Jacques Milteau, un atelier souffle et harmonica a démarré dans le service ORL du professeur Garabédian à l'hôpital d'enfants Armand Trousseau (AP-HP) à Paris, avec la collaboration du docteur Roger et de Josiane Charon, éducatrice de jeunes enfants de ce service.
De plus, conjointement avec l'association Musique et Santé, avec l'aide d'Adeline Pelletier, kinésithérapeute, et de France Musique, en compagnie de Manu Galvin à la guitare et Laurent Vernerey à la contrebasse, Jean Jacques Milteau a réalisé le CD « Manque pas d'Air ». C'est une petite méthode qui permet de pratiquer divers exercices respiratoires autour de quelques schémas simples.*

Le bilan de toutes ces actions est très positif. S'il faut insister sur le fait que l'harmonica n'est pas un instrument « curatif » des insuffisances et des maladies respiratoires, il semble largement prouver qu'il peut jouer un rôle multiple dans le monde du handicap et de la maladie : instrument thérapeutique du souffle, vecteur de plaisir, de communication et par là même de mieux être.
Aujourd'hui, l'association Musique et Santé s'engage dans un travail d'actions et de formation en direction de la gériatrie et de la gérontologie, programme dont les objectifs sont de mobiliser et de renforcer les capacités de communication et d'expression de la personne âgée, en l'aidant à sortir de son isolement, en confortant ses capacités créatives, en la revalorisant. Là encore, toutes les qualités et spécificités de ce petit instrument lui vaudront peut-être une place de choix.

Je crois qu'il ne faut pas non plus oublier de parler des exemples que nous avons près de nous parmi des harmonicistes connus. Toots Thielemans est sans doute le plus célèbre d'entre eux qui a amélioré un asthme sévère en soufflant-aspirant dans notre cher instrument ; John Walton est un autre exemple de ses bienfaits... sans oublier pour autant le président Ronald Reagan qui à la suite de son attentat, en 1981, s'est soumis à une harmonica therapie dont il n'a jamais cessé de vanter les bienfaits. Plusieurs adhérents de France Harmonica, victimes de diverses pathologies, n'ont de cesse de se réjouir d'avoir pratiqué cette thérapie.

La musicothérapie est un sujet dont je n'ai abordé ici que quelques aspects qui mériteraient un approfondissement dans plusieurs domaines, entre autres les formations des personnels concernés, aidées en cela par les musiciens qui apportent leur expérience personnelle à l'hôpital. Existe-t-il d'autres actions menées ailleurs dans le monde par les différentes approches envisagées. Un prochain article peut-être ?
En attendant, bravo à Musique et Santé, à ses parrains et à l'harmonica.

Josette Koch-Labre
Public relations de l'association France Harmonica
Rédactrice de la revue « Echos France Harmonica »


*Avec le soutient Ministère de la culture et de la Communication, du ministère de la Santé et des Sports, du Conseil Régional d'Ile de France, des Conseils Généraux d'Ile de France, des Bouches du Rhône, du Val de Marne, de la Mairie de Paris, du Comité du coeur de la SACEM, de la Fondation d'entreprise de France Télévisions, de la Commission Européenne, etc.

*Association Musique et Santé
4, passage de la Main d'Or 75011 Paris
Tel : 01 55 28 81 00 Fax : 01 55 28 81 01
http://www.musique-sante.org

*CD « Manque pas d'Air »
Vous pouvez vous le procurer auprès de l'association.
Il vous en coûtera 15 €

Qu'en est-il actuellement ?

Il est heureux de constater aujourd'hui que la situation a progressé et que le corps médical, le monde artistique, et nos institutions*, prenent l'affaire en mains et se mobilisent pour une action commune qui n'a de cesse de prendre de l'ampleur, générant une prise de conscience qui se traduit par des initiatives variées dans de notre hexagone.

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Telle, en Lorraine, celle de l'association Pédiatrie enchantée, très active depuis 7 ans, dont le but est d'apporter la musique aux enfants malades dans les différents hôpitaux de la région. Sous la houlette de Jean Louis Emmenecker, vice Président d'Harmonicas de France, elle intervient dans le cadre de l'Ecole de l'asthme pédiatrique, à Metz, à l'hôpital du Bon Secours ainsi qu'au Centre Hospitalier Bel Air. Dans ces établissements dans se pratiquent des séances thérapeutiques proposées aux enfants asthmatiques par une équipe pluridisciplinaire (pneumo-pédiâtre, puéricultrice, infirmière scolaire, kinésithérapeute, psychologue, éducatrice), leur apportant, en plus le plaisir de la musique.

Ou encore dans France Soir, Matthieu Firmin qui consacre un article soulignant l'action de Greg Zlapczynski dans les services pédiatriques de plusieurs hôpitaux. Cette action s'inscrit dans les projets de l'association Musique et Santé dont il est question aujourd'hui, agissant sur le travail du souffle, avec un petit harmonica que les enfants emportent chez eux (grâce à la société Hohner), travail présenté sous forme de jeux que les enfants attendent chaque fois avec impatience, vraie récréation qui leur permet de s'évader de leur milieu hospitalier...

Si les vertus thérapeutiques de l'harmonica ne sont pas encore à ce jour totalement avérées, les bénéfices psychologiques d'une telle prise en charge sont eux, incontestables.
Ce que j'ai pu observer moi-même par le passé, lorsque j'allais jouer à l'hôpital Necker des Enfants Malades, à Paris, avec le trio Hudson, dans le service de madame Jeanne Blézat, ainsi qu'à l'institut des Aveugles à Saint Mandé, à l'initiative de l'actrice Danièlle Delorme.

Il faut aussi rendre hommage à l'initiative de Thierry Courties, animateur dans un centre pour handicapés moteurs. Il s'est baptisé lui-même « animateur-accompagnateur-diatonique », et accompagne des handicapés lors de séjours APF Evasion , contribuant ainsi à l'animation de ces séjours en jouant du diato. Il a pour devise : « animer, c'est bien, accompagner c'est mieux, dans la joie et la bonne humeur de l'harmoniciste ».
Pour conclure, l'harmonica et le souffle symbolise un concept qui prend désormais une dimension internationale sans cesse grandissante. J'y consacrerai prochainement un article.
Souhaitons longue vie à « Musique et Santé », à ces internvenants et à ces patients de tous âges qui bénéficient des bienfaits de la Musicothérapie.
Quant à nous harmonicistes, gardons bien en mémoire ce dernier conseil, cette mise en garde que ne cesse de nous prodiguer le corps médical :
On ne prête pas, pas plus que l'on emprunte, un harmonica. Microbes et virus n'attendent que cela pour se manifester, au détriment de votre santé.
Un harmonica c'est comme un être cher... ça ne se prête pas.


- Jean Labre

Photos :
1. Pochette du disque de J.J. Milteau
2. J.J. Milteau/Steve Waring, Manu Galvin, J.J. Milteau et une patiente (photos Musique & Santé)
3. J.L. Emmenecker, J.C. Seignert (kinésithérapeute)et deux patients
Paru le 6 février 2010

 

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